Chaque pièce de Bogolan est le fruit d’un savoir-faire minutieux et ancestral, consistant à assembler à la main plusieurs bandes de coton blanc. Ces bandes sont ensuite adoucies et plongées dans des cuves contenant une boue fermentée et des colorants naturels d'origine végétale ou organique, sans aucun produit chimique.
Le processus débute par la récolte des feuilles de Siiga (en langue moré) ou ngálama (en bambara), également connues sous le nom scientifique Anogeissus leiocarpus. Les feuilles sont séchées, pilées, puis infusées dans de l'eau à température ambiante pendant 24 heures pour en extraire un jus riche en fer qui lui confère une teinte jaune pâle.
La pièce de coton brute est alors plongée dans cette infusion. Ce bain est renouvelé jusqu’à trois fois pour obtenir une couleur jaune soutenue et uniforme, avant que le tissu ne soit séché au soleil.
L'étape suivante consiste à faire fermenter de l'argile riche en fer, mélangée à du son de mil, dans une cuve de terre enfouie pendant sept jours. Cette argile fermentée est ensuite appliquée à main levée sur le tissu, utilisant bâtons et/ou pochoirs pour tracer des motifs. Chaque dessin est une expression personnelle de l'artisan, souvent inspirée par des symboles régionaux ou familiaux, conférant au Bogolan une signification unique et profondément culturelle.
Cette étape laisse une forte odeur au Bogolan. C’est aussi de cette étape que provient le nom du tissu.
Une fois les formes dessinées à l'argile fermentée, une réaction chimique naturelle permet la coloration de toutes les parties touchées par l'argile (les teintes dépendent des ingrédients ajoutés à l'argile : cendre, colorants, etc.). Lorsque l'argile est sèche, le tissu est rigoureusement lavé à l'eau savonneuse, d'où le nom de "mudcloth" (tissu de boue utilisé par les anglo-saxons) pour le débarrasser de l'argile fermentée et de sa forte odeur.
Lorsque l'argile sèche, une réaction chimique naturelle imprègne durablement le tissu là où l’argile a été appliquée. Les teintes varient selon les ingrédients ajoutés – cendre, plantes ou autres éléments naturels – et donnent au tissu une richesse chromatique inimitable. Une fois les motifs fixés, le tissu est lavé avec soin pour éliminer l’argile et ses odeurs caractéristiques, le purifiant tout en laissant apparaître ses motifs emblématiques.
Chaque pièce de Bogolan est imprégnée de l'énergie de la terre et de la main de l’artisan. Ce tissu sacré est traditionnellement porté comme protection, un bouclier d’énergie vitale pour celui qu'il enveloppe. Plus qu’un simple textile, le Bogolan est l’incarnation d’une histoire, d’une terre et d’un art intemporel.